La Balise

La Balise est un nouveau lieu accueillant des structures de l'ESS sur l'Île-Saint-Denis. Située à 2 pas du Pôle d'hospitalité des activités à rayonnement écologiques et solidaires (PHARES), elle accueille dans un premier temps les résidents de cette structure pendant la rénovation et la surélévation du bâtiment - une opération BDF niveau or en conception. Une fois les travaux finie, la Balise accueillera d'autres acteurs de l'ESS du territoire, développant ainsi durablement l'offre de bureaux locale pour ces activités. Aujourd'hui ce sont 9 structures pour 150 usagers quotidiens qui sont installées dans ces locaux réhabilités.

occupant près de 1200m², la parcelle est traversante entre le quai du Saule Fleuri à l'est et la rue Arnold Géraux à l'ouest. Dans sa longueur, elle est occupée par un bâtiment sur quai en R+1, attenant à deux halles parallèles avec charpente en fermettes métalliques et couverture alternant bac acier et polycarbonate. L'une se prolonge côté nord par un auvent, puis par un pavillon sur rue acquis a posteriori. L'autre laisse place à une grande cour intérieure de 350m² qui ouvre sur la rue. L'ensemble était auparavant occupé par une usine de signalétique routière, témoignant du passé industriel récent de l'île. Dans ce territoire en mutation, l'objectif est de ne pas détruire ce patrimoine mais de tirer parti de ses qualités : volumes, lumières, mémoire du lieu, et le revaloriser par de nouveaux usages et des emplois ancrés localement.

L'approche choisie s'inscrit dans une philosophie du ménagement, du "care". Cela se traduit par un diagnostic précis qui donne lieu à des interventions légères sur l'enveloppe des halles industrielles. Dans le but de la préserver, seules quelques réparations sont opérées : curage limités, changement de joints et visseries en toiture, réparation de fissures... Les aménagements intérieurs dépendent également peu de l'enveloppe extérieure, par un système de "boites dans la boite" développé plus bas. Une rue intérieure dessert la longueur de la parcelle, de l'entrée côté quai à la cour intérieure. Sa séquence est composée de l'espace d'entrée en RDC du bâtiment sur quai qui accueille des bureaux à l'étage, d'un patio couverts de polycarbonate - centralité associée aux communs, et de la distribution des bureaux de part et d'autres dans les deux halles. Ouverte sur la cour, elle est ventilée naturellement et sert d'espace tampon thermique et acoustique, tout en dévoilant le volume de la halle et la lumière zénithale.

Au niveau du montage financier, Halage - association locale investie dans le PHARES - et Bellevilles - foncière solidaire se sont portées acquéreuses ensemble de la parcelle grâce à leurs fonds propres, des subventions publiques du département, de la région et de l'état via l'agence national de cohésion territorial, une subvention de Valobat et du mécénat par différents fondations. Les coûts maîtrisés de l'opération grâce à cette réhabilitation légère permettent de mettre en place un modèle économique sobre, donc des loyers abordables 22% inférieurs au prix du marché. Si le contexte financier est particulièrement favorable, les acteurs ambitionnent de faire de ce projet un démonstrateur de la viabilité de ce modèle de réversibilité du patrimoine bâti industriel en bureaux, à court et long terme grâce à l'évolutivité pensée. Le confort est d'ailleurs au rendez-vous selon les usagers, autant thermiquement sur des mois d'hiver qu'aux niveaux acoustique et visuel. Le volume, la ventilation, la luminosité et la mise en valeur colorées des éléments de construction participent de l'appréciation du lieu.

C'est également un démonstrateur de réemploi, qui permet de réinterroger les relations entre conception et réalisation. En intégrant très tôt des entreprises et le bureau de contrôle dans le processus de projet, avant même la phase PRO, le dialogue avec ces interlocuteurs à permis une co-conception plus pertinente intégrant les capacité et les ressources disponibles. La Balise est ainsi devenue un laboratoire d'expérimentation d'alternatives, un atelier de préfabrication et le théâtre de stockage mouvants dans un espace réduit. Le réemploi, ses spécificités de disponibilité, de mise en oeuvre, permet ainsi de re-lier conception et réalisation comme un procédé itératif et commun.
 
Le projet est co-lauréat des trophées de la sobriété immobilière et foncière 2025 organisés par l’ADEME, dans la catégorie « Utiliser le déjà là ».