[REX] Passage Saint-Pierre-Amelot

Après le premier appel à projet "Réinventer Paris" lancé par la ville en 2014, une deuxième édition est initiée en 2017 : " Réinventer Paris 2 – les dessous de Paris" avec sept partenaires : EFIDIS, Paris Habitat, RATP, Renault, la RIVP, et SNCF gares et connexions. Ils proposent une trentaine de site inoccupés, majoritairement souterrains : parkings, tunnels, ou stations de métro désaffectées. Une vingtaine se verront attribuer une équipe lauréate en 2018, sélectionnées parmi plus de 200 manifestations d'intérêt filtrées dans un premier temps en 85 candidatures finalistes. Sortant d'un cadre immobilier classique, le montage des équipes et les programmes proposés devaient être innovants, expliquant l'infructuosité de la consultation pour les sites restants.

Pour le garage Renault du passage Saint-Pierre-Amelot, c'est le projet porté par Immobilière 3F et Gaëtan Le Penhuel & associés, avec Sam architecture, GEC, Albert & Cie, Agripolis, Plateau Urbain, Arkose, et Cycle Up qui est désigné comme lauréat. L'opération consiste en la réhabilitation lourde d'un ensemble de parcs de stationnement et d'ateliers situés de part et d'autre du passage Saint-Pierre-Amelot dans le 11ème arrondissement. Au nord de cette rue étroite : un parking silo des années 1970 du R-2 au R+4 en toiture. Au sud : une halle du début XXème abritant espaces de réparation, parc de stockage et bureaux sur 4 niveaux. Ces deux bâtiments remarquables représentent environ 45% du bâti existant et sont conservés et réhabilités, le reste des 18 500 m² de l'ensemble est démoli.

Ce sont au total 134 nouveaux logements qui sont créés : 84 sociaux, 11 intermédiaires et 39 en accession libre. Le parking réhabilité et surélevé de deux niveau en ossature bois en accueille 69, que des percements au droit des cours mitoyennes permettent de rendre traversants. La halle, prolongée dans sa longueur au delà d'une faille ouvrant l'accès au coeur de parcelle en abrite elle 46, en poteaux-poutres béton et façade à ossature bois. Les RDC sont dédiés à 2 900 m² d’activités et d’équipements dont un espace de coworking, une crèche de 250 m² et une salle d'escalade qui se déploie jusqu'au R-2 du parking, éclairée par les percements mentionnées. En fond de parcelle et après avoir traversé 800m² de pleine terre s'implante un troisième bâtiment, neuf celui-ci, également réalisé en structure béton et FOB et abritant 19 logements. Enfin, une ferme urbaine occupe les toits du parking et de la halle couverte par une verrière, reliés par une passerelle, pour une surface de 1250m². La livraison de ce programme, prévue fin 2026 sera ainsi l'aboutissement d'un processus qui aura duré presque 10 ans depuis le lancement de l'appel à projet. Le site a été occupé temporairement par Plateau Urbain de 2018 à 2023 avant une première phase de curage et désamiantage et le début des travaux en 2024.

Au choix des démolitions ponctuelles et à la conservation d'une proportion importante du bâti s'ajoute l'importance du bois dans les modes constructifs : surélévation en structure bois du parking et FOB sur les autres bâtiments. Les nuisances, le recours au béton et le bilan carbone sont ainsi réduits, tout comme certaines questions logistiques liées à l'étroitesse du passage. Des ambitions fortes vis-à-vis de l'économie circulaire et du réemploi sont également portées avec un objectif de 30% de matériaux réemployés autant ex-situ que in-situ. Selon Cycle up, ce sont 807t de déchets évités (97 t Co₂eq) pour le réemploi et 10 857 t de déchets évités (2605 t Co₂eq) pour le recyclage. Sont réemployés ex situ des équipements électrique, de chauffage et de parking, et in situ des éléments métalliques : garde-corps, couverture zinc et escalier, et minéraux : terrazzo en verre concassé, pierre meulière de remplissage, gabions à partir de blocs bétons et pierre, et enfin dallage extérieur à partir de dalles de béton découpées. Cette dernière démarche de réemploi a d'ailleurs reçu le soutien financier d'Écominéro dans le cadre de son appel à projet de soutien au réemploi et à la réutilisation de PMCB sur les chantiers, pour les tests de découpe et la "validation du processus favorisant la réplicabilité et l’industrialisation de l’opération".