Par analogie avec le métabolisme biologique des organismes vivants, le métabolisme urbain (ou territorial) désigne ainsi l’ensemble des flux de matière et d’énergie mis en jeu par l'installation des sociétés humaines. S'y distinguent des flux entrants (importation, extraction), internes (consommation, circulation et stock) et sortants (exportation, déchets), qui permettent d'analyser les rapports complexes qu'entretient l'installation humaine avec son territoire et ses alentours. Dans ce champ d'étude qui croise statistique, géographie, écologie et même histoire, les travaux de Sabine Barles font référence. La professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a notamment décrit à travers l’histoire de Paris et du bassin de la Seine, le passage d’un métabolisme circulaire à un métabolisme linéaire avec la révolution industrielle. Elle met ainsi en valeur sur le temps long les corrélations entre différents indicateurs de flux, le fonctionnement et l'étalement de la métropole parisienne en constitution, et l'augmentation de sa dépendance aux territoires alentours.
Cet outil d'étude permet également d'interroger les différentes politiques menées de gestions des flux sortants, ainsi que les boucles de circularité mises en place ou potentielles. Il devient alors outil de prospection et d'orientation pour des prises de décisions qui remettent en cause le régimes métabolique linéaire dominant plutôt que des flux marginaux. Cela se traduit chez Sabine Barles par la mise en valeur de dimensions de la ville peu visibles, notamment les sols et sous-sols, et par la défense d’une sobriété matérielle et spatiale : réduire les consommations de ressources, limiter l’étalement urbain et relocaliser certains cycles de matière plutôt que miser uniquement sur l’efficacité technique.
Sabine BARLES, Grand Prix de l’urbanisme 2025, Professeure des universités, UMR Géographie-Cités - PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE