La transition écologique en santé est urgente et possible. C'est maintenant qu'il faut agir.
Pourquoi agir ?
Les établissements de santé jouent un rôle important dans la transition écologique. En France, le secteur de la santé représente environ 8% des émissions de gaz à effet de serre du pays en 2021. Cela comprend :
Les dispositifs médicaux (DM) : 7,4 millions de tonnes de CO₂e
Les médicaments : 9,1 millions de tonnes de CO₂e
Soit 16,5 MtCO₂e par an, autant que certaines grandes industries françaises.
Les consommations concernent des milliards de produits, souvent à usage unique, et sont responsables d’une partie importante de notre dépendance au pétrole et aux ressources rares (plastiques, cuivre, hélium…).
Rapport technique : Le Bilan Carbone de la santé en France
Les principaux enjeux :
1. Dispositifs médicaux (DM)
74 000 tonnes de plastiques consommés chaque année dans les hôpitaux (seringues, tubulures, etc.) 165 000 lits médicalisés, 292 000 fauteuils roulants, 1,8 milliard de protections pour incontinence 60% des DM viennent d’Europe, 40% de pays non-européens
Leur production dépend :
- Du type d’énergie utilisée
- Du transport (souvent aérien)
- De la matière première
Leviers d’action :
- Intégrer des critères environnementaux dans les achats
- Privilégier des fournisseurs aux pratiques plus vertueuses
- Relocaliser la production des produits stratégiques
- Favoriser le réutilisable quand c’est possible
- Mesurer l’impact carbone avec des outils comme l’Index DM Durable ou Carbone
2. Médicaments
En moyenne, chaque Français consomme 48 boîtes de médicaments par an. La production de 3,3 milliards de boîtes par an génère une empreinte carbone proche de celle de 2 millions de voitures. Les émissions proviennent :
- De la fabrication des principes actifs (souvent en Asie)
- De la R&D, des essais cliniques, du transport
- De l’emballage et de la fin de vie des produits
Leviers d’action :
- Décarboner la production (énergies renouvelables, biomasse)
- Réduire les transports aériens (favoriser le maritime ou routier)
- Mieux concevoir les emballages (réduction, recyclabilité)
- Réduire le gaspillage lors des essais cliniques
- Impliquer tous les acteurs : pharmaciens, acheteurs, prescripteurs
- Adopter un mode de vie sain
- Méthodologie d'évaluation de l'empreinte carbone des ...
- Agir dans les établissements : éco-concevoir les soins
Obstacles rencontrés :
- Manque de temps et d’expertise
- Crainte de nuire aux protocoles d’hygiène
- Complexité des choix (quoi changer ? quel impact réel ?)
- Poids des habitudes et de la hiérarchie
- Méconnaissance de l’impact environnemental des produits
Leviers positifs :
- Engagement fort du personnel
- Potentiel d’économies financières réinjectables dans le service
- Attractivité renforcée (pour les patients et les soignants)
- Nouvelles obligations : certification HAS, critères RSE dans les achats
- Appui de sociétés savantes et littérature scientifique
Ce qu’il manque encore :
- Formations simples, par métier
- Un outil numérique de comparaison des impacts (ex : usage unique vs réutilisable)
- Une base de données publique sur l’impact carbone des produits
- Outils de communication visuelle pour montrer les résultats
- Généralisation des bonnes pratiques déjà testées ailleurs
- Eco-conception des soins
Feuille de route pour la planification écologique du système
Conclusion
La transition écologique en santé est urgente et possible. Elle demande :
- Une mobilisation collective de tous les acteurs du soin
- Une meilleure connaissance de l’impact de nos choix
- Des outils simples et partagés
- Une gouvernance qui donne de la place à ces enjeux dans le quotidien