Dans les hôpitaux et établissements médico-sociaux, chaque geste du quotidien - se chauffer, se laver, préparer un repas, assurer la stérilisation ou le confort des patients - repose sur une consommation d’énergie et d’eau importante. Ces usages, indispensables au fonctionnement du soin, s’appuient sur des installations techniques exigeant une maintenance continue et une optimisation fine.
L’enjeu aujourd’hui n’est plus seulement de garantir la continuité de service, mais d’agir sur la performance énergétique pour réduire durablement les consommations, tout en améliorant la qualité du service rendu et la résilience des bâtiments.
Cet édito vise à apporter aux professionnels du secteur tertiaire, et plus particulièrement à ceux des établissements de santé et médico-sociaux, les clés techniques et organisationnelles pour optimiser leurs équipements thermiques, électriques et hydrauliques
Optimiser les équipements sanitaires
Adapter les équipements réduit immédiatement les volumes distribués :
Conversion des chasses d’eau en double commande ou limitation de volume.
Installation de mitigeurs thermostatiques, limitant les ouvertures excessives d’eau chaude.
Mise en place de robinetterie temporisée pour les lavabos et douches, supprimant les écoulements continus.
Utilisation de pommeaux basse consommation (objectif <8 L/min au lieu des 10,5 L/min observés en audit).
Mobiliser les utilisateurs
Le changement culturel reste un levier majeur :
Sensibilisation au bionettoyage, purge des réseaux, pratiques en restauration où les dérives sont courantes.
Information des patients, visiteurs et soignants sur l’impact des gestes du quotidien.
Usage de robinetteries à faible débit faciles à accepter et simples d’entretien.
Actions techniques : performance énergétique & maîtrise sanitaire
Dimensionner correctement la production d’ECS
Une production d’eau chaude sanitaire (ECS) mal dimensionnée entraîne :
Surconsommation si surdimensionnée,
Risque sanitaire et inconfort si sous-dimensionnée.
Le diagnostic technique, sanitaire et hydraulique doit vérifier la puissance installée, le régime de température, le temps de renouvellement, le stockage et flux de circulation
Maintenir un réseau performant
Vérifier le calorifugeage (éviter les mélanges eau chaude/eau froide).
Détartrer les échangeurs ECS, car l’entartrage réduit fortement le rendement.
Surveiller la qualité d’eau (dureté, dépôts) pour stabiliser la performance hydraulique.
Passer à une production ECS semi-instantanée ou instantanée
Favoriser les installations à ballon primaire haute température et production instantanée type SPIREC.
Avantages d’un système SPIREC :
Sécurisation des vitesses et températures même en pointe.
Puissance primaire divisée jusqu’à 4.
Temps de réchauffage du ballon primaire > durée de la pointe ECS.
Possibilité de passer d’une installation semi-instantanée à instantanée sans surdimensionner le primaire.
Un choix particulièrement pertinent pour les hôpitaux avec profils de soutirage variables.
« Petit q » : le coût énergétique réel de l’eau chaude
Le petit q, exprimé en kWh/m³, représente l’énergie nécessaire pour chauffer 1 m³ d’eau froide.
Il permet de :
Comparer précisément les sites
Hiérarchiser les actions
Valoriser les gains issus de l’isolation ou de l'optimisation de la régulation
Un indicateur essentiel dans les bilans hydrauliques hospitaliers.
1. Production de chaleur : leviers d’optimisation énergétique
Chaudières gaz naturel : priorité à la condensation
Passer à la condensation n’est pas automatique : il faut garantir la condensation réelle.
| Levier | Impact |
|---|---|
| Équilibrage réseau | 3–5 % |
| Cascade chaudière optimisée | Très significatif |
| Optimisation lois d’eau | Très significatif |
| TNC – Température de Non-Chauffe | Variable |
| Têtes thermostatiques | Variable |
| Qualité d’eau, purge | Faible impact |
| Investissements (chaudières, pompes, régulation) | Variable selon site |
Comprendre le rendement >100 % (sur PCI)
Un rendement de 104 % PCI correspond en réalité à :
96 % de rendement « sensible »
8 % de récupération de chaleur latente
Il serait plus juste de parler en PCS, mais les usages professionnels restent ancrés sur PCI.
Conditions de performance d’une chaudière à condensation
Température de retour <50 °C
Émetteurs compatibles (radiateurs basse T°, plancher chauffant…)
Mélange air/gaz bien réglé
Fumées à moins de 5°C au-dessus de l’eau de retour
Validation par l’exploitant : preuve de condensation effective
Réseaux et déperditions : les pertes invisibles
Les réseaux non isolés constituent des points de pertes majeurs en ECS et chauffage.
Les audits montrent régulièrement :
Absence d’isolation sur réseaux secondaires
Points singuliers non calorifugés
Boucles ECS surchauffées ou mal équilibrées
L’isolation reste l’un des investissements les plus rentables en établissement de santé.
À retenir : Une gestion de l’eau au croisement sanitaire-énergie
La maîtrise de l’eau en milieu hospitalier n’est pas seulement un acte écologique :
elle conditionne la qualité sanitaire, la performance énergétique, la maîtrise des coûts et le confort des usagers.
La stratégie gagnante combine :
Actions comportementales rapides,
Optimisation technique à fort rendement,
Modernisation ciblée des systèmes de production ECS,
Pilotage rigoureux avec indicateurs (dont le petit q).
Avant toute mesure de performance énergétique, il est important d'avoir une bonne isolation de ces locaux et adopter les bons gestes liés à la sobriété énergétique
Économiser l’eau dans le processus de dialyse : un enjeu hydrique, énergétique et sanitaire
La dialyse est l’un des processus hospitaliers les plus consommateurs d’eau.
Pour produire un dialysat de qualité, les installations génèrent en moyenne 80 à 90 % d’eau rejetée lors du traitement (osmose inverse), puis nécessitent une eau chauffée pour les étapes de lavage et de désinfection.
Cette eau chaude fait basculer le sujet d’un simple enjeu de sobriété hydrique vers un enjeu énergétique majeur, où chaque mètre cube économisé génère un double bénéfice.
1. Comprendre le cycle de l’eau en dialyse : où se cachent les pertes ?
Le parcours de l’eau en hémodialyse suit 4 grandes étapes :
Prétraitement : adoucisseurs, filtres, charbon actif
Osmose inverse (OI) : phase la plus consommatrice.
Rendement souvent entre 12 et 20 % seulement (donc 80 % d’eau rejetée).
Production eau osmosée : utilisée pour préparer le dialysat et alimenter les générateurs.
Désinfection / lavage : utilisation d’eau chaude pour circulation, rinçage, désinfection thermique.
Chaque litre évité à l’OI ou dans le lavage représente un gain d’énergie thermique direct puisqu’il s’agit d’eau chauffée à 60 - 85 °C selon les pratiques.
2. Réduire la consommation : leviers hydrauliques à fort impact
Optimiser l’osmose inverse
Passer d’un rendement 15 % à 25 % permet une économie directe de plusieurs milliers de m³/an.
Ajuster la pression de service, remplacer les membranes vieillissantes, calibrer les débits de rejet.
Installer un système de récupération des rejets pour des usages techniques (chasses d’eau, arrosage, eaux grises).
Maîtriser la production d’eau chaude sanitaire (ECS) associée
Comme la désinfection nécessite de l’eau chaude :
Vérifier le dimensionnement du ballon ECS dédié au service dialyse (souvent surdimensionné et donc pertes thermiques et cycles de chauffe inutiles).
Contrôler et optimiser le calorifugeage et les retours de boucles.
Réduire la température de stockage lorsque la procédure de désinfection le permet (selon AMM des équipements).
Limiter les lavages et rinçages inutiles
Programmer les automates pour éviter les cycles de rinçage systématiques lorsque l’appareil n’a pas été utilisé.
Mettre en place des plages de fonctionnement intelligentes pour éviter la chauffe de grandes quantités d’eau en période non utilisée.
3. Gestion et comportement : les micro-gestes qui évitent des macro-gaspillages
Sensibiliser les équipes à l’impact énergétique : 1 m³ d’eau chauffée = 25 à 35 kWh selon les températures et pertes réseau (« petit q »).
Suivre les volumes d’eau rejetée par analyse des paramètres : conductivité, pression d’entrée, cycles.
Vérifier régulièrement les purges, souvent réalisées trop longtemps ou trop fréquemment.
Dans un service avec 15 postes de dialyse, un simple pilotage affiné peut représenter 10 000 à 20 000 kWh économisés par an.
4. Moderniser pour économiser : innovations et retours d’expérience
Systèmes à récupération d’énergie et d’eau
Certaines installations permettent de :
Réutiliser une partie du rejet d’OI.
Réduire la température d’eau chaude nécessaire lors des désinfections grâce à des procédures hybrides chimique/thermique.
Employer des membranes haut rendement, réduisant de 20 à 40 % les rejets.
Pilotage intelligent
Interfaçage des générateurs avec la GTC pour monitorer débits, cycles, températures, consommations instantanées.
Réglage automatique du débit d’eau osmosée selon l’occupation réelle des postes.
Sobriété thermique
Chaque litre d’eau chaude inutile évité, c’est :
Moins de gaz consommé
Moins de sollicitations chaudière/PAC
Moins de pertes sur les boucles ECS
La dialyse, levier puissant de réduction eau + énergie
La dialyse n’est pas un simple poste de consommation : c’est un système thermohydraulique où les économies d’eau se traduisent directement en économies d’énergie.
Optimiser l’OI, réduire les lavages, adapter les cycles de désinfection, maîtriser la production ECS et installer un monitoring fin permettent aux hôpitaux de :
Réduire durablement leurs factures,
Renforcer la sécurité sanitaire,
Baisser leurs émissions carbone,
Et moderniser un process critique pour les patients.
Ventilation en établissements de santé : maîtriser l’air, maîtriser le risque… et l’énergie
La ventilation représente l’un des systèmes les plus critiques des établissements de santé. Elle assure à la fois la maîtrise des risques infectieux, la qualité sanitaire de l’air, le confort thermique, mais aussi un levier majeur de performance énergétique.
Souvent invisible, elle conditionne pourtant le fonctionnement sécurisé des blocs, stérilisations, réanimations, morgues, pharmacies à atmosphère contrôlée, et plus largement de tout le bâti hospitalier.
Dans un contexte de sobriété imposée par la réglementation, les coûts énergétiques et les enjeux carbone, optimiser la ventilation revient à concilier risque maîtrisé et efficacité énergétique.
1. Pourquoi ventiler ? Les paramètres à contrôler
Ventiler, c’est renouveler l’air d’un espace clos en y apportant de l’air neuf filtré et conditionné.
Trois familles de paramètres pilotent le besoin :
CO₂ : indicateur de confinement, directement lié à l’occupation.
Humidité (H₂O) : produite par la transpiration et la respiration, essentielle en contrôle d’ambiance.
Polluants, bactéries, particules : issus des activités de soin, du bâtiment, des produits manipulés ou des patients.
Ce pilotage requiert une maîtrise fine des grandeurs physiques :
Débit volumique (m³/h) : clé de dimensionnement et de calcul des taux de renouvellement.
Température : confort, prévention des moisissures, respect des normes (ex. morgue, blocs).
Hygrométrie relative (%) : prévention fongique et confort respiratoire.
Propreté particulaire : classes ISO 14644 (ISO 5, ISO 7…) essentielles pour les salles propres.
2. Ventilation mécanique : extraction, soufflage, double flux
Les établissements de santé utilisent principalement la ventilation mécanique, déclinée en quatre familles :
Extraction seule
Soufflage seul
Soufflage + extraction (standard tertiaire)
Soufflage + extraction + recyclage maîtrisé
Le cœur de ces systèmes : la CTA - Centrale de Traitement d’Air, véritable “poumon” du bâtiment.
3. CTA : filtrer, chauffer, refroidir, humidifier… en maîtrisant l’énergie
Une CTA assure :
Filtration (G4 -> F9 → HEPA H13/H14 selon zones)
Chauffage via batterie chaude
Refroidissement et déshumidification via batterie froide
Humidification si nécessaire
Ventilation via moteurs et ventilateurs
Ces équipements consomment énormément : ventilateurs, résistances, batteries, déshumidification…
D’où l’importance d’actions APE (Amélioration de la Performance Énergétique).
4. Risques et réglementation : un cadre strict
La ventilation hospitalière est encadrée par une multitude de textes :
Code de la construction (températures limites)
Code du travail (débits, maintenance, dossier technique)
RSD (pollution, filtration)
Norme NF S 90-351 (risques infectieux, classes 1 à 4)
ISO 14644-1 / -2 (salles propres)
DGOS 2012 - carnet sanitaire « Air » obligatoire
Textes spécifiques : réanimation, morgues, stérilisation, AMP…
Chaque zone impose une classe de risque (1 à 4), dictant les niveaux de filtration et de pression à respecter.
5. La filtration : pierre angulaire du risque… et du coût énergétique
L’évolution des normes (EN 779 → ISO 16890) structure la filtration en trois gammes :
ePM10
ePM2,5
ePM1 : filtration fine (Salles de soins, consultations, réanimations, zones à risque 2-3)
EPA / HEPA / ULPA (norme 1822) : pour les zones critiques (Blocs opératoires, salles propres, stérilisation, zones à risque 3–4).
La filtration représente jusqu’à 30 % des consommations électriques d’un système de ventilation, car chaque niveau augmente la perte de charge et donc l’énergie du ventilateur.
Les filtres doivent être :
correctement dimensionnés,
changés au bon moment (pression différentielle, non systématique),
manipulés selon procédures sécurisées et traçables.
6. Les “réduits” : dormir moins pour consommer mieux
Un bloc opératoire est en veille 65 % du temps.
Activer les modes réduits (veille, repos, abaissement aéraulique) permet :
Réduction consommation chauffage
Réduction consommation froid
Moins d’usure moteurs
Moins de filtres à changer
Moins de déchets (BEGES)
En pratique : un passage automatique veille → nominal doit respecter une cinétique d’assainissement validée.
7. APE – leviers d’efficacité énergétique sur la ventilation
Moteurs :
Passer du IE1 → IE3/IE4/IE5 : -20 à -40 % de pertes.
Adopter les moteurs EC (commutation électronique) : modulation fine, pas de courroie, efficacité +40 %.
Récupération de chaleur :
Échangeurs à plaques, à roue, régénératifs, glycolés, caloducs, voire PAC sur air extrait.
Jusqu’à 70 % de chaleur récupérée.
Étanchéité des réseaux :
Résines d’étanchéification pour limiter les fuites → baisse des besoins de poussée & du chauffage.
Filtration optimisée :
Choisir le niveau efficace sans surqualification inutile.
Optimiser les pré-filtres pour allonger la durée de vie des filtres fins.
Ventiler juste : protéger les patients, améliorer le confort, réduire l’énergie
La ventilation hospitalière est un équilibre subtil entre sécurité sanitaire, réglementation, techniques complexes et performance énergétique.
Optimiser un système de ventilation, ce n’est pas “choisir entre sécurité et énergie”, c’est organiser un système intelligent, capable d’adapter ses débits, sa filtration, sa récupération et ses modes veille à l’usage réel des espaces.
Bien pilotée, la ventilation devient un levier majeur de sobriété, de réduction carbone et de maîtrise du risque.
Production de froid dans les établissements de santé : enjeux, technologies et perspectives
La production de froid est un pilier essentiel du confort et de la sûreté sanitaire dans les établissements de santé et médico-sociaux. Elle intervient à la fois pour les besoins de climatisation, la maîtrise des ambiances dans les zones sensibles (blocs opératoires, pharmacies, laboratoires, imagerie médicale), les chambres des patients, la conservation des médicaments, des vaccins ou des produits sanguins, mais aussi pour certaines process techniques.
Dans un contexte de transition énergétique et de renforcement réglementaire (F-Gas, EcoDesign, obligations de performance), le secteur du froid doit aujourd’hui conjuguer sobriété, continuité de service, réduction des fluides à fort PRG et adaptation aux besoins simultanés de chaud et de froid, typiques du secteur sanitaire.
1. Le refroidissement : un transfert de chaleur, non une “production de froid”
Refroidir un espace revient à extraire de la chaleur : il ne s’agit pas de produire du froid (ce qui serait physiquement impossible), mais de diminuer l’agitation thermique de la matière.
Dans les systèmes de réfrigération ou de climatisation, cette extraction de chaleur est assurée par une machine frigorifique (pompe à chaleur utilisée en mode froid), via un cycle thermodynamique où un fluide frigorigène change d’état pour absorber ou céder de l’énergie.
2. Les états de la matière et les changements de phase
La compréhension du froid repose sur les changements d’état des fluides :
Réactions endothermiques : le fluide absorbe de la chaleur (vaporisation, fusion).
Réactions exothermiques : le fluide rejette de la chaleur (condensation, solidification).
Le cycle entre liquide et gaz - évaporation puis condensation - constitue la base de toutes les installations frigorifiques et PAC.
3. Fluide frigorigène : moteur du cycle thermodynamique
Le fluide frigorigène circule dans l’installation et subit compression, condensation, détente et évaporation.
Il peut être :
Naturel : CO₂, NH₃ (PRG très bas)
CFC/HCFC : désormais interdits
HFC : en fin de vie réglementaire
HFO : très faible PRG, en plein déploiement
Ses caractéristiques influencent performances, pressions, sécurité et impact environnemental : PRG, ODP, inflammabilité, pressions, températures critiques, etc.
4. Réglementation F-Gas : un cadre de plus en plus strict
La réglementation européenne F-Gas vise à réduire drastiquement l’usage des fluides à fort PRG :
PRG ≥ 2500 interdits depuis 2020
PRG ≥ 1500 interdits au 1er janvier 2025
PRG ≥ 150 interdits à partir de 2030
En pratique, les établissements sont encore souvent équipés de groupes utilisant R410A ou R134a : un enjeu majeur de conversion, remplacement ou rétrofit se pose d’ici 2030.
5. Deux grands principes de distribution du froid
Boucle d’eau (hydraulique)
Le fluide frigorigène refroidit un réseau d’eau (ou eau glycolée) distribué dans le bâtiment.
Avantages :
Longévité des réseaux (≈ 30 ans)
Fuites de fluide très faibles
Compatibilité avec les évolutions réglementaires
Découplage entre production et émetteurs
Inconvénients :
Investissement supérieur
Encombrement et bruit
Travaux plus lourds
Détente directe (DX)
Le fluide frigorigène circule directement dans les unités terminales.
Avantages :
Moins coûteux
Plus compact
Simple à installer
Inconvénients :
Durée de vie plus faible
Fuites plus fréquentes
Fortes contraintes sur les fluides futurs (inflammabilité, compatibilités)
6. Groupes froids : condensation à eau ou à air
Les systèmes peuvent être :
À condensation par eau
→ Associés à des tours aéroréfrigérantes (TAR) ou dry-coolers.
Performances stables
Facilité de récupération de chaleur
Optimisation possible du fonctionnement en été
Mais en présence de TAR : risque de légionelle à surveiller.
À condensation par air
→ Échange thermique via batteries et ventilateurs.
Installation simple
Pas de risque sanitaire lié à l’eau
Mais dépend fortement de la température extérieure.
7. Besoin simultané de chaud et de froid : une réalité du secteur sanitaire
Hôpitaux, EHPAD, laboratoires et blocs présentent quasi en permanence un besoin simultané de chaud et de froid :
Climatisation des locaux sensibles
Chauffage des chambres et circulations
Préparation d’ECS
Déshumidification / humidification en bloc
Une PAC réversible seule ne peut pas couvrir ces besoins.
8. Thermofrigopompe (TFP) : la solution adaptée au médico-social et au sanitaire
La TFP assure chaleur, froid ou les deux simultanément, en réutilisant la chaleur extraite d’un côté pour alimenter l’autre.
Avantages majeurs :
COP/ EER très élevés (2 à 7)
Réduction massive des consommations en mi-saison
Valorisation de chaleur gratuite
Adaptée aux besoins simultanés des hôpitaux
Contraintes :
Nécessite de gros volumes tampons
Coût d’investissement
Étude thermique indispensable
9. Performance des PAC : température, puissance, régulation
Le rendement dépend fortement :
de la température de la source froide,
de la température de production,
de la taille de la machine.
→ Plus la différence de température est faible, meilleur est le rendement.
10. Hybridation PAC / chaudières : une stratégie efficace
Une cascade PAC et chaudière est souvent plus performante que 100% PAC, surtout :
en zones froides,
pour les hôpitaux à ECS importante,
lorsque le réseau de chauffage est ancien (températures élevées).
Une étude BET est indispensable pour dimensionner le talon PAC et l’appoint.
11. Optimisations opérationnelles : haute pression flottante / basse pression flottante
Ces régulations adaptent automatiquement les pressions aux conditions extérieures.
Gains :
10 à 25 % d’économies d’énergie (haute pression flottante)
5 à 15 % d’économies (basse pression flottante)
Durée de vie accrue des compresseurs
Tous les groupes récents les intègrent, mais de nombreux hôpitaux disposent encore d’équipements anciens à optimiser.
12. Récupération de chaleur : attention aux limites
Sur groupes à air, c'est eu pertinent : contraintes fortes et risques de surchauffe. C'est beaucoup plus intéressant sur groupes à eau :
→ température stable, récupération facile via échangeur
→ idéal pour préchauffage ECS ou chauffage de base
13. Refroidissement adiabatique : utiles mais vigilance sanitaire
Le refroidissement adiabatique améliore le fonctionnement des condenseurs en période chaude, mais nécessite :
pas d’eau stagnante
entretien rigoureux
risque légionelle si mal conçu
À retenir :
La production de froid dans les établissements de santé ne peut plus se limiter à un simple choix technique. Elle doit aujourd’hui répondre à un impératif triple : performance énergétique, continuité de service et transition écologique.
Systèmes à boucle d’eau, PAC haute performance, TFP, régulations avancées et stratégies d’hybridation forment désormais le cœur des solutions adaptées au milieu sanitaire. Leur déploiement doit être accompagné d’une réflexion globale : compatibilité des réseaux, besoins simultanés chaud/froid, contraintes réglementaires, risques sanitaires et pilotage énergétique. Avant toute mesure de performance énergétique, il est important d'avoir une bonne isolation de ces locaux et adopter les bons gestes liés à la sobriété énergétique
Éclairage hospitalier : sécurité, confort et performance énergétique
L’éclairage dans les établissements de santé ne se limite pas à « mettre de la lumière ». Il s’agit d’un levier stratégique, à la croisée de la sécurité, du confort visuel, de la précision des soins et de la maîtrise énergétique. Chaque lumen compte : éclairer trop consomme inutilement, éclairer trop peu compromet la sécurité, le confort visuel et la qualité des soins.
L’enjeu est double : optimiser la lumière pour les professionnels et les patients, tout en réduisant la consommation électrique, grâce à une technologie performante et un pilotage intelligent.
1. Les grandeurs physiques clés de l’éclairage
Pour concevoir ou évaluer un système d’éclairage, quatre paramètres sont essentiels :
| Grandeur | Définition | Unité / Commentaire |
|---|---|---|
| Flux lumineux | Quantité totale de lumière émise par la source | lumen [lm] |
| Éclairement | Flux lumineux reçu par une surface | lux = lm/m² |
| Intensité | Lumière émise dans une direction donnée | candela [cd] |
| Luminance | Intensité lumineuse par surface apparente, liée au confort visuel | cd/m² |
À ces paramètres s’ajoutent la température de couleur, définie par la loi de Wien, et l’efficacité lumineuse (flux lumineux / puissance absorbée, lm/W).
2. Technologies et efficacité lumineuse
L’efficacité énergétique dépend largement de la technologie choisie :
| Technologie | Efficacité lumineuse | Durée de vie | Statut |
|---|---|---|---|
| Incandescence / Halogène | 2–5 % | 1 000 – 3 000 h | Obsolète / interdit |
| Fluorescent / Métallique | 10–18 % | 6 000 – 15 000 h | En voie d’abandon |
| LED | 15–40 % | 15 000 – 100 000 h | Déploiement, évolution rapide |
Label énergétique UE : Depuis 2019, les luminaires sont classés A → G selon l’efficacité (lm/W).
LED couvrent tout le spectre de A à D
Fluorescents rarement mieux que E
Incandescences et halogènes : rang G maximum
Rappel : Installer du LED n’est pas suffisant, il faut vérifier l’efficacité réelle et dimensionner selon l’éclairement nécessaire et savoir piloter par la suite.
3. Normes et confort visuel
La norme EN 12464-1 régit l’éclairement dans les bâtiments tertiaires et médicaux :
| Zone | Éclairement recommandé [lux] |
|---|---|
| Zones générales | 100 - 300 |
| Salle de consultation | 500 |
| Bloc opératoire | 1 000 - 10 000 |
| Salle de radiologie | 100 - 300 (préserver qualité images) |
Le diagramme de Kruithof permet d’équilibrer éclairement et température de couleur pour maximiser confort et productivité.
4. Actions de performance énergétique (APE)
Pilotage intelligent
Zonage : allumer uniquement les zones occupées longtemps.
Gestion par présence : activation automatique selon occupation (ex : toilettes, escalier).
Gestion horaire / minuterie : programmation prédéfinie, adaptable.
Gestion par luminosité extérieure : modulation selon l’ensoleillement.
Principe : extinction/allumage ou variation d’intensité.
Relamping / Retrofit
Relamping : remplacement simple de l’ampoule.
Retrofit : remplacement plus complet (douille, support, câblage).
Exemple : Dalle fluorescente T8 4x18W → dalle LED 27W = 62,5 % de gain énergétique.
Toujours calculer le ratio de remplacement basé sur l’éclairement réel mesuré.
5. Conclusion - Lumière maîtrisée, énergie maîtrisée
L’éclairage hospitalier est un équilibre entre confort visuel, sécurité et performance énergétique.
Un bon système combine :
Technologie efficiente (LED de qualité, label UE)
Pilotage adapté à l’usage réel (occupation, horaires, lumière naturelle)
Suivi et relamping stratégique (mesure réelle de lux)
Optimiser l’éclairage, c’est éclairer juste, partout et pour tous, tout en réduisant les consommations électriques et l’empreinte carbone de l’établissement.