Ville nouvelle, quarante ans après : les pionniers vieillissants de Maurepas

Image
Type
Type
Article
Année d'édition
Année d'édition
2009

Construites à partir des années 1960 sous l’impulsion du Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de 1965, cinq villes nouvelles ont vu le jour en région parisienne. Leur aménagement laisse entrevoir une volonté de répondre à des besoins urbains identifiés, se conjuguant parfois avec l’offre d’espaces, de services ou d’équipements envisagés alors comme novateurs. Maurepas, rattachée jusqu’en 1984 à l’agglomération nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, a été façonnée en partie par ces aspirations. Elle constitue aujourd’hui une commune à la population vieillissante et à l’urbanisme marqué par des jeux d’échelle, des cloisonnements et par une relative uniformité. La configuration de la ville laisse entrevoir la volonté d’ébaucher « un nouveau genre de vie urbaine »(Pachaud, 2006) manifeste durant les années soixante et soixante-dix tandis que l’histoire de la commune permet d’envisager les difficultés inhérentes à l’intercommunalité. Au cœur de cette histoire se retrouvent des ménages de la classe moyenne, entrés dans le périurbain comme des pionniers. Portés par l’idéologie d’une ville-nouvelle où « tout est à construire » et qui leur ouvrait, parallèlement, des perspectives nouvelles en termes « d’espaces à soi », ces derniers sont aujourd’hui âgés de plus de soixante ans. Quarante ans après leur installation, leurs discours sur la ville révèlent l’existence de plusieurs ordres de tension : tension entre ruralité et urbanité, d’une part, tension entre adhésion, différenciation et réflexivité, de l’autre. Ces tensions peuvent être mises en parallèle avec les évolutions de la ville et la façon dont les formes urbaines sont mises en question dans l’espace des débats publics. Ces différents éléments nous conduiront à envisager les résistances et les projections à l’œuvre ainsi que les processus de subjectivation qu’elles révèlent parfois.