La Ferme du Rail

Picto_taxo_
Programme
Programme
Bâtiment de logement collectif (R+3) et bâtiment serre productive avec restaurant
Année de livraison
Année de livraison
2019
Type d'intervention
Type d'intervention
Neuf
Type d'usage
Type d'usage
Équipement - Socio-culturel
Logement - Social
Tertiaire - Industrie / Technique
Montant des travaux
Montant des travaux
3,3 M € HT
Adresse
Adresse

2bis rue de l'Ourcq
75019 Paris
France

Caractéristiques

 Un montage et une gestion de projet holistique et exemplaire

Ce projet d’agriculture urbaine s’est fixé comme objectif principal de réunir les aspects environnementaux et sociaux, aussi bien dans la façon de construire le site, que dans son exploitation. Le programme prévoit l’hébergement de 15 personnes en ré-insertion et de 5 étudiants de l’Ecole du Breuil. Ensemble, ils assureront l’exploitation agricole du site. L’innovation dans le projet ne réside pas tant dans le choix de la technique désormais éprouvée d’une structure bois remplissage botte de paille, que dans la façon de créer des synergies entre les acteurs du projets et le quartier Ourcq. Dans cet esprit, le chantier est piloté en utilisant la méthode de planification LEAN (En savoir plus sur la méthode LEAN) qui favorise les échanges entres les corps d’état et la compréhension du rôle et des phases d’interventions de chacun.

La maîtrise d’ouvrage a souhaité que la dimension sociale soit effective dès la phase chantier par le recours à des entreprises qui elles-même emploient des personnes en ré-insertion (pour les lots mise en œuvre de la paille, peintures, aménagements extérieurs notamment) et quelle soit poursuivie en phase exploitation (en particulier pour le maraîchage et l’entretien des espaces verts). Dans un second temps, le site a vocation à s’ouvrir sur le quartier par la présence du restaurant, d’espaces récréatifs, et par la mise en place d’un compostage manuel alimenté par un réseau d’une trentaine de restaurateurs du quartier. Un compost mécanique (processus électro-magnétique qui accélère le compostage) destinée à produire de plus gros volumes sera alimenté par les déchets organiques des habitants du quartier.

Le rez-de-chaussée et les trois niveaux de logements sont réalisés suivant un principe identique d’espaces communs qui favorisent échanges et insertion et désservent 5 chambres individuelles donnant sur un extérieur. Dès la conception, il est prévu que les balcons qui sont des espaces de culture puissent évoluer à terme en espace type jardin d'hiver par ajout d’une double peau (jalousies et vantelles). La toiture terrasse accessible permettra quand à elle une culture en sac.

La serre productive se déploie en second niveau au dessus du bâtiment accueillant le restaurant. Ouvert au public, il proposera une restauration utilisant la production agricole de la ferme. L'édification d'une cage béton était nécessaire à la présence d’un ascenseur / monte-charge qui permet aussi l’accessibilité PMR. Le choix d’une solution structure bois avec un bardage demi-rondins de châtaignier non déligné donne un vocabulaire architectural qui s’insert bien dans l’îlot.

Le site était précédemment exploité par la SNCF comme lieu de remblai et par un garage "sauvage". La légère couche de susbrat qui recouvrait le site dissimulait de nombreuses carcasses de voitures, et les sols se sont révélés très pollués par les déchets hydrocarbures. La phyto-épuration du terrain était trop longue et impossible à cette échelle de surface. Afin de permettre la circulation des engins, la voie SNCF est louée le temps du chantier. Un remblais déposé sur film plastique a été installé entre les rails. Les postes dépollution, mais également accessibilité, VRD, aménagement extérieur sont ainsi très lourds dans l’équilibre financier du projet.

L’intégralité des eaux pluviales de toiture est récupération et traité de dans un bassin de filtration planté.

En parallèle de la mise en place d’une production agricole la plus en circulaire possible (compostage sur site, champignonnière sur substrat à base de marc de café, production piscicole en aquaponie,…) un travail important a été mené sur l’analyse du cycle de vie dans le choix et la provenance des matériaux, ainsi que sur le réemploi. La Ferme du Rail a été conçue à partir de 90% de matériaux biosourcés (bois, paille) et/ou réemployés et mis en œuvre en filière sèche.

Au niveau thermique on peut noter :

Performance de l’enveloppe : Façades à isolation thermique renforcée, toitures végétalisées

Exploitation maximale des serres

Exploitation partielle des zones semi-enterrées pour l’inertie thermique des étages bas.

Chauffage au bois

Méthodologie de réemploi :

Gestion de projet :

Le recours à des matériaux de réemploi est omniprésent dans ce projet qui fait office de projet démonstrateur. Cependant, l’usage de matériaux de réemploi a été envisagé tardivement à la fin des études.

Il n’a pas été fait de diagnostic ressources sur ce projet puisque l’on partait d’un espace non bâti.

Il n’y a pas eu besoin de recourir au Permis d’expérimenter pour ce projet : les concepteurs ont sélectionné les matériaux de réemploi au cas par cas. Chaque matériau a été analysé visuellement.

Un outil d’aide à la décision a été utilisé pour orienter et valider dans des temps brefs les choix à faire. Par exemple, lorsqu’un gisement a été repéré mais qu’il fallait faire le choix de le récupérer ou non sachant que celui n’était disponible que jusqu’au lendemain.

La petitesse du terrain du projet a pu générer des problèmes de logistique et même faire échapper des gisements adéquats faute de possibilité de stockage sur le site.

Le pari de recourir à des matériaux de réemploi sans surcoût par rapport à des matériaux neuf a dans l’ensemble été tenu.

Rôle des acteurs :

La maîtrise d’ouvrage privée Réhabail a été un acteur moteur et volontaire dans la démarche de réemploi et a accepté d’endosser les complexités liées à la pratique du réemploi. Elle s’est d’ailleurs chargée de rassembler les différents gisements avant de les mettre à disposition des entreprises.

De nombreux acteurs du réemploi étaient présents sur le projet ce qui a permis de rassembler les compétences de chacun. Une synergie permettant un partage des connaissances pour une filière à en devenir. On peut citer notamment :

Dans la maitrise d’œuvre :  Grand-Huit et Albert et compagnie (renvoi fiche acteurs)
Dans les entreprises : Apijbat et Travail et Vie
Les matériaux ont été posé comme des techniques traditionnelles donc cela ne demandait pas de compétences spécifiques. Cependant tous les CCTP spécifiaient que les entreprises devaient être aptes à poser des matériaux de réemploi.

Dans l’ensemble, les acteurs du projet sont fiers et satisfaits d'avoir pu monter en compétence au travers de la démarche de réemploi.

Principaux gisements et matériaux réemployés :

sans changement d’usage et avec une préparation minime :

bordures de granit déposées lors de chantiers d’aménagement d’espaces publics de la ville de Paris réemployées en mur de soutènement bordant le potager (montage en pierre siège sans liant)
blocs bitumineux et de béton issus de déconstructions réemployés pour la réalisation des circulations des espaces extérieurs
dalles en pierre de toiture terrasse issu d’un chantier de rénovation d’un immeuble de bureaux à la Défense
carrelage et faïence des salles de bain issus de fin de stock
bois réemployés pour les armoires (CHRS et logements étudiants) 

Pour un nouvel usage et nécessitant transformation ou préparation spécifique :

fibres recyclées réemployées après tissage en stores brise soleil du restaurant
châssis de fenêtres bois de bailleurs parisiens réemployées après préparation et découpage
en jardinières faisant office d’acrotère et garde-corps des toitures-terrasse
en revêtement de sol d’une salle commune


précisions Précisions :

Certaines mises en œuvre de ces matériaux de réemploi ont nécessité une attention particulière

  • Fenêtres bois réemployées en acrotères de toiture terrasse : un travail fin des concepteurs et du bureau de contrôle a permis leur utilisation non seulement en tant qu’acrotères (donc assurant l’étanchéité) mais également en tant que bacs pour l’exploitation maraichère et de garde-corps, permettant ainsi d’économiser de l’espace sur le toit accessible au public.
  • Fenêtres bois réemployées en parquet bois de bout. L’entreprise R-are a réalisé un travail minutieux, elle n’a pas coupé les feuillures des fenêtres mais les assemblées en puzzle une à une pour ne pas perdre de la matière. Cette pose au sol a été validée par le bureau de contrôle sans difficulté car cette mise en œuvre (parquet) n’est pas soumise à des contraintes de performances comme peut l’être d’autres revêtements de sol comme le carrelage. A noter que cette mise en œuvre chronophage a été possible à des coûts raisonnables grâce à la mobilisation de l’association d’insertion R-are hautement qualifiée sur ces thématiques.
  • Carrelage issue d’une fin de stock d’un artisan. L’objectif était de réemployer ce gisement en partie pour les sols des salles de bains. Mais cette utilisation s’est avérée trop complexe car le produit d’étanchéité à placer sous le carrelage demande un classement et des performances pointus. Le carrelage a finalement pu trouver sa place sur les murs des salles de bain des logements. Le risque ayant été estimé nul. Cette ultime décision a été facilité par le fait que les équipes étaient en possession de PV et fiche produit. A noter le travail de calepinage sur mesure pour tenir compte d'un stock réduits tout en assurant sa mise en valeur.
  • Dalles de pierres de faux planchers de bureau. Ces dalles n’ont pu être réemployées comme prévu en toiture- terrasse car lors de leur stockage, elles ont pris l’humidité et le gel les a fragilisé. Au moment de les placer sur la terrasse celles-ci n’ont fêlées. Des dépenses pour la grue ont alors entrainées des surcoûts et il a fallu changer de matériau. Le choix s’est alors fait de recourir dans l’urgence à des matériaux neufs. Les dalles initiales ont quand même été réemployées en dalle de remplissage et dalle au sol.

 

Modalité d’assurance des matériaux de réemploi :

Afin d’éviter de recourir à des Atex et donc générer des surcoût, les techniques de pose se sont apparentées à des techniques de poses classiques avec des gisements aux compétences proches de celles des produits neufs. Le bureau de contrôle a réalisé un examen visuel, ainsi qu’une évaluation des risques afin de s’assurer que les risques futurs étaient nuls ou écartés. Ainsi les matériaux ont été assuré par le lot qui en a assuré la pose.

Conclusion :

Le chantier de la Ferme du Rail a prouvé que l’usage de matériaux de réemploi était possible dès lors que l’on envisageait ces opportunités et que le territoire était riche en gisements.

Pour allez plus loin :

Périmètre du projet
  • SDP (Surface de Plancher)
    830
  • Non Précisé
    1466